Qu'est-ce que l'on trame ?
Le 6 et 7 avril, deux journées de rencontres pour s'interroger collectivement sur la trame ont eu lieu à Brest. Qu’elle soit urbaine et paysagère comme la trame verte et bleue, qu’elle soit brune pour nos sols et noire pour la nuit, ou qu’elle soit invisible comme la trame du récit, la trame organise nos façons de penser de façon thématique, voire “en silo”.
Pourtant, dans sa définition, la trame est aussi un “ensemble de fils tendus sur le métier à tisser et passant transversalement entre les fils de la chaîne, pour constituer un tissu”.
Or, dans l’inter-monde que nous mettons à l’honneur, il s’agit de développer un vocabulaire et des compétences de maillage, de tissages de fils parfois fragiles et invisibles mais In fine, on l'espère, suffisamment solides pour s’entrelacer et façonner des liens durables.
Nous avons détramé nos regards le temps d’une rencontre pour nous interroger en profondeur sur ce que l’on trame et ce que l’on pourrait tramer autrement.
La trame déclinée en 7 ateliers
Les ateliers ont permis d’interroger la trame et ses multiples facettes en mettant à l’honneur, en favorisant les croisement d’idées et de regards. À chaque atelier étaient présents une vingtaine de participants et à minima : un chercheur, un praticien et un artiste afin d’inciter à se déplacer de nos postures habituelles et à faire commun.
1- Le sol, du substrat au support, une ressource pour tramer sur mesure ?
Produire notre alimentation, contribuer à la régulation du climat ou à une meilleure gestion de l’eau, fournir des matériaux de construction géo et biosourcés, du combustible… les sols sont soumis à rude épreuve. Entre l’artificialisation galopante de nos terres et les objectifs de sobriété foncière, comment réinvestir l’existant et penser un paysage qui réconcilie les différents usages du sol ?
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Facilitateur.trices : Gwenola Drillet [Hotel Pasteur] et Louis-Marie Belliard [Territoires]
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Intervenant.es : William Champalaune [responsable d’opérations, Territoires Rennes], Tiphaine Hameau [artiste-jardinier, Morlaix], Marion Bourhis [sociologue-géographe, Tanis, Rennes], Sten Le Gall [administrateur de Terre de liens et agriculteur].
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2- La couture invisible. La trame secrète des projets ?
Chacun dans son monde compose avec son expertise, ses conventions, ses attitudes, ses normes... Lorsqu’on engage un projet collectif croisant les approches et les acteurs, comment faire avec la complexité des mondes en présence ? Quelles sont les failles à éviter, les leviers à actionner, les nouvelles ingénieries à mettre en œuvre pour dépasser le chacun pour soi et aller dans le sens du bien commun ?
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Facilitateur.trices : Fanny Broyelle [Sociologue, Laboratoire de Transfert, Pick Up Production, Rezé-Nantes] et Mikaël Laurent [Bruded, Rennes]
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Intervenant.es : Alice Pfeiffer [le Facteur urbain et élue à Saint-Jacques-de-la Lande], Hugo Martin [La Preuve par 7, Paris]
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3- Mettre des gants ou rester en moufle, Une trame pour ménager nos relations ?
Nos vies urbaines sont tissées de relations impensées ou malmenées par l’urbanisme fonctionnaliste du XXe siècle, abimées par les politiques néolibérales, fragilisées par différentes crises (sanitaire, climatique, démocratiques…), mais aussi entretenues, développées, densifiées, par des associations, des individus, des institutions aussi parfois. Alors que la notion de trame est omniprésente en urbanisme, nous pensons qu’il serait intéressant d’envisager la notion de trame relationnelle. Dans le champ de l’urbanisme culturel, la notion semble pertinente, et finalement déjà à l’œuvre. La trame relationnelle – rainbow frame ? – : comment la soutenir, l’enrichir, l’élargir, pour faire advenir des villes relationnelles plus riches, pour conforter le droit à la ville, multiplier « les espaces réussis, c’est-à-dire favorables au bonheur » (H. Lefevbre) ?
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Facilitateurs : Pascal le Brun-Cordier [ZAT Montpellier et Master PCEP] et Erick Deroost [artiste plasticien, Rennes]
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Intervenante : Hélène Martin-Brelot [Maître de conférence, directrice de l’Institut de Géoarchitecture, Brest].
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4- La haute couture du futur ou fine dentelle du passé. Comment tramer les récits des transitions?
Entre les grands récits métropolitains (storytelling politique, urbanistes romanciers) et les petits récits de territoires (collectifs, pluriels et locaux), comment le récit construit le projet ? Inventer de nouveaux récits, peut-il être une forme de réponse aux enjeux de transition et à la nécessité de se projeter collectivement vers de nouveaux imaginaires ?
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Facilitatrices : Alexandra Cohen [co-fondatrice, Cuesta, Paris], Claire Roullet Sureau [urbaniste et géographe, une autre ville, Paris]
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Intervenants : Tristan la Prairie [architecte-urbaniste, atelier TLPA, Brest], Guillaume Faburel [enseignant-chercheur et écrivain]
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5- Accepter les trous de mites. Comment tramer avec le vivant ?
Comment tramer avec le vivant ? Outiller nos sensibilités. Trame noire, brune, bleue ou verte... penser l’entremêlement des trames? Peut-on se représenter autrement le non-humain ? Il s’agit d’outiller nos sensibilités et nos représentations du vivant pour tisser autrement nos relations.
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Facilitateur.trices : Gabriel Soulard [écologue et comédien, Compagnie Mycelium, Nantes], Marie Olivron [POLAU, Saint-Pierre des Corps]
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Intervenant.es : Constance Hinfray [Chercheuse et artiste, EUR Caps, Rennes ], Sylvain Gouraud [artiste et photographe, Drôme].
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6- Réussir son ourlet. Comment bien tramer avec les périphéries ?
Plus qu’une opposition ville-campagne peu opérante dans un monde largement urbanisé, il s’agit d’ouvrir la réflexion sur les notions de « centralité » et de « périphérie ». Les périphéries, espaces ruraux, insulaires ou banlieues, peuvent-elles être des laboratoires pour explorer de nouvelles manières de faire projet ?
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Facilitateur.trices : Agathe Ottavi [co-fondatrice ,Cuesta, Rennes], Julien Masson [designer et enseignant à l’EESAB, Brest].
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Intervenant.es : Glenn Pouliquen [paysagiste, atelier Bivouac, Brest], Hélène Bailleul [chercheuse et directrice EUR Caps, Rennes], Emanuela Nelli [chorégraphe, Compagnie Méharées, Monts d’Arrée].
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6- L’auto, la trame et le chef de gare.
Il y en a qui inventent des gares démontables d’autres qui s’attachent à mettre en scène des lignes abandonnées. Il y a des blablas et autres co-mobilités, des pedibus, des néo-cartographies, des engins rails-route. Pourquoi et comment se déplacer à l’heure des alertes écologiques, des augmentations de coûts, du télétravail… A travers vos expériences de déplacements, tramons ensemble ce qui demain nous transportera.
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Facilitateur.trices : Maud le Floc’h [directrice du POLAU, Saint-Pierre-des-Corps], Damien Roffat [designer de service, Détéa]
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Intervenant.es : Claire Guihéneuf [Brest Métropole Aménagement], Alexandre Moisescot [Compagnie Gérard Gérard].